
Le 25 Mars 2022 est une date historique pour l’industrie de la mode américaine. La mannequin activiste Sara Ziff et le sénateur de l'État de New York, Brad Hoylman, ont annoncé la réforme pour la protection des travailleurs de la mode (le “Fashion Workers Act” en Anglais). Cette loi va encadrer les agences de mode et fournir un droit du travail pour les mannequins, coiffeurs, maquilleurs, stylistes, influenceurs et tous les autres créateurs de la mode.
D’après Sara Ziff, “les travailleurs derrière le succès de la mode ne sont pas protégés du tout. Cette loi va combler la faille utilisée par les agences pour échapper à toute responsabilité. Elle forcera les agences à payer les mannequins et autres créateurs sous un délai de 45 jours. De plus, les agences devront donner un contrat de travail à leur travailleurs. Enfin, elles devront arrêter les pratiques prédatrices de frais cachés ou gonflés, arrêter de loger 10 travailleurs dans un appartement et de leur faire payer un loyer bien au-dessus du marché”.
D’autres mannequins ont partagé leurs histoires personnelles de paiements en retard, ou de paiements jamais honorés. D’après le célèbre mannequin Karen Elson, la transparence financière est essentielle : “c’est démoralisant et humiliant d’avoir à mendier pour être payé”. Avant d’ajouter : “les jeunes créateurs qui démarrent dans l’industrie de la mode n’ont pas les moyens, ni le soutien que j’ai. Ils pensent arriver dans une industrie protégée et lucrative, et souvent ils pensent devenir riche. Cependant, la dure réalité est qu’il faut dépenser beaucoup d’argent pour espérer percer dans la mode et que le manque de transparence financière de ce milieu peut amener les créateurs à accumuler d’énormes dettes.”
La mode : un business très lucratif mais peu reconnu
Le sénateur de New York, Brad Hoylman a soutenu les propos des mannequins : “si un mannequin star comme Karen Elson n’est jamais payé dans les temps, comment peut-on imaginer que les milliers de créateurs moins connus aient la moindre protection salariale ?”. D’après ses chiffres, l’industrie de la mode représente 5.5% des emplois de l'État de New York. De plus, la mode représente 11 milliards de dollars de salaires et 2 milliards de dollars d’impôts par an.
La loi de New York pour la protection des travailleurs de la mode suit les pas de la loi référence Californienne imposant un revenu minimum pour les ouvriers du textile. Le sénateur de New York établit un lien entre ces deux lois et se réjouit des meilleures protections sociales qu’elles confèrent aux travailleurs : “Premièrement, les agences vont avoir une responsabilité financière auprès des mannequins et des créateurs. Deuxièmement, on va vérifier qu’ils sont payés totalement et dans les temps. Troisièmement, on va interdire les commissions délirantes et autres frais cachés. Quatrièmement, nous allons créer une protection contre les représailles pour ces travailleurs.”
Finalement, selon le mannequin transgenre Teddy Quinlivan, “cette loi a un enjeu principal : l’argent et son rôle pour améliorer la vie et créer du capital”. Elle a ensuite cité l’auteur Idowu Koyenikan : “l’argent est le symbole de la valeur que vous créez”. Avant de conclure : “je veux qu’on pense aux mannequins, maquilleurs, coiffeurs et à tout ce qu’ils apportent à l’industrie de la mode, et à leur valeur.”