Une startup américaine, Dirty Labs, l'affirme : la lessive traditionnelle serait un désastre pour l'environnement. Elle veut la rendre plus propre en remplaçant le détergent qu'elle contient par des enzymes biodégradables.
Lorsqu'une lessive standard est évacuée dans les égouts, elle contient des produits chimiques comme le 1,4-dioxane, un cancérigène probable qui ne peut pas être éliminé par les stations d'épuration et qui peut se retrouver dans l'eau potable.
D'autres ingrédients courants aux noms imprononçables, tels que la méthylisothiazolinone ou la benzisothiazolinone, peuvent nuire à l'environnement. Ces produits chimiques ont divers objectifs; la méthylisothiazolinone est un conservateur, par exemple. Le dioxane n'est pas utilisé intentionnellement dans la lessive, mais est un sous-produit du processus de lavage. Une startup biotechnologique appelée Dirty Labs veut relever le défi de nettoyer ces produits.
«Tout le monde doit faire sa lessive, donc l'échelle est assez énorme», déclare David Watkins, PDG et cofondateur de Dirty Labs. Les Américains font collectivement environ 35 milliards de lessives en un an. «C'est beaucoup de détergent qui coule dans les égouts», dit-il.
«En tant que consommateur, vous mettez votre lessive dans la machine à laver, elle lave vos vêtements, puis elle est évacuée, et c'est quelque chose qui n'est pas très visible pour les gens. Mais lorsque vous commencez à regarder la situation dans son ensemble, tous ces produits chimiques vont dans notre système de traitement des eaux usées. . . . Il y a une accumulation de ces produits dans l'environnement.
Une lessive à base d'enzymes biodégradables
Alors que la plupart des lessives sont fabriqués avec des ingrédients dérivés de combustibles fossiles , la startup utilise à la place des ingrédients biosourcés, créant un mélange d'enzymes conçues chacune pour cibler différents types de taches.
Les enzymes sont maintenant utilisées dans certaines autres lessives comme boosters, d'après Watkins, mais les nouvelles formules de Dirty Labs utilisent des enzymes comme ingrédient clé. C'est un moyen de faire en sorte que le détergent biologique fonctionne aussi bien qu'un détergent conventionnel.
«Nous avons vraiment senti que nous avions la possibilité de combler cet écart, et que nous pourrions surpasser l'efficacité de la lessive traditionnelle en étant beaucoup plus sûrs pour les personnes et l'environnement», dit Watkins. Lorsque la lessive est évacuée dans les égouts, ses ingrédients se dégradent rapidement.
La lessive propre devra-t-elle se généraliser ?
De nouvelles lois pourraient bientôt contraindre d'autres entreprises à aller dans la même direction. À New York, par exemple, une loi d'État qui entrera en vigueur en 2022 interdit la vente de produits contenant plus d'une petite quantité de 1,4-dioxane - pas plus de 2 parties par million d'ici la fin de l'année, et 1 partie par million d'ici fin 2023.
Lors d'un test de dioxane commandé par une association, un laboratoire a trouvé 14 000 parties par milliard (ou 14 parties par million) dans la lessive Tide Original. «Je pense que la législation va forcer les entreprises à chercher de meilleures alternatives», remarque M.Watkins. «Nous essayons de devancer cela et de dire:« Nous pensons que nous avons la technologie pour le faire aujourd'hui. Et c'est une solution plus intelligente en général. »
Le premier détergent de la startup se présente sous une forme ultra-concentrée (deux cuillères à café du produit font une lessive, pour un prix de 25 centimes d'euros) et est conçu pour fonctionner dans l'eau froide - une autre façon de faire la lessive de manière plus durable, puisqu'environ 90 % de l'énergie utilisée par les machines à laver sert à chauffer l'eau.
Selon une étude de l'American Cleaning Institute, faire quatre lessives sur cinq à l'eau froide permettrait à un ménage d'émettre 391 kg de CO2 en moins chaque année.
